Je t’aime, maigre comme un fil tendu.
Bouffi comme des yeux rougis.
Je t’aime constant comme l’impossible,
droit comme la colonne du temple.
Et je brûle mes cheveux
pour qu’il n’y ait plus que le crâne
car le reste n’est qu’un moyen.
Et je ronge mes os pour y trouver la moelle
car je ne fais qu’aimer par en dessous.
Je t’aime comme la femme a besoin de l’homme,
comme le virus du corps qu’il assomme.
Je t’aime, fragile comme l’oeuf entre mes doigts,
dur comme le marbre quand je pars en éclats.
Et j’arrache mes ongles pour faire plaisir à mes dents
qui ne peuvent plus troubler ta peau.
Et je cache mes mains, tu ne dois pas voir qu’elles tremblent
car je ne fais qu’aimer par en dessous.
Au fond du puits par inadvertance,
je nage en rond dans ton bocal,
craignant par dessus tout d’être en dessous
et ton parcours au coeur de mes dédales.
Mon crâne condamné à l’éternelle insomnie
ne pose que des questions.
Mon coeur barricadé par tous les doutes de la vie
ne fait aimer, que t’aimer par en dessous.
Par dessus tout.