DANS LA GRANDE VILLE ÉNERGIVORE,
LES MURS SONT GLACÉS, FISSURÉS.
LE CHIEN ABOIE, LE CLOCHARD MENDIE,
LE POT D’ÉCHAPPEMENT PÈTE,
TANDIS QUE BÉBÉ DANS SA POUSSETTE,
HALÈTE, HALÈTE…..

DANS LA GRANDE VILLE ÉNERGIVORE,
L’AUTOMATE DÉSARTICULÉ PERDRA SES DENTS MERCANTILES,
PENDU À DES CHIMÈRES.
IL SE NOIERA DANS LES FLAQUES.
IL SE DILUERA DANS L’ENCRE DES JOURNAUX , PAGE NÉCROLOGIE.
IL AURA CRU VIVRE….

DANS LA GRANDE VILLE ÉNERGIVORE,
IL Y A DES ÉGOUTS.
LES RATS ENGRAISSENT SOUS LA VÔUTE PLANTAIRE.
ÇA DONNE ENVIE DE VOMIR.

TANDIS QUE LA TERRE, ELLE,
SE FOUT BIEN DES CODES QU’ON A DÉCIDÉ POUR ELLE DEPUIS L’AUBE DES TEMPS SOCIAUX.

Heureusement, il y a un ailleurs…
Quelque-part…
Sur une page docile.
À l’aube d’une poésie.

Un stylo laboure le présent,
clin d’oeil sous l’aisselle,
larme fertile, germe du paysage…
Dans ce bic vertical,
je sais le sillon d’un voyageur,
le souffle salé d’une bouche invisible,
le ventre bombé des voiles enceintes du vent.

Direction : l’océan.

L’océan.

La plage s’étendait, ivre du soleil,
on décollait nos ombres molles
du sol vierge de toute pensée.
C’était facile.

Les limites du langage se sont noyées à l’horizon.
J’ai dissous le ciel.
C’était parfait.

L’astre doré, indécis, cherchait sa place,
tournant sur lui-même comme un chien ensommeillé,
tandis que l’accordéon des marées accompagnait la danse.

Oh,
ce prisme de lumière sur l’ algue orpheline.
Cet os de seiche entre mes côtes.
La maison isolée.

Dans mon coeur
atrophié par le quotidien d’asphalte
le fond des mers chante encore